« Les cabinets vétérinaires doivent avoir des spécialistes des chats »

Chez Boehringer Ingelheim, nous avons eu la chance de nous entretenir avec le Dr Susan Little, spécialiste renommée en santé féline et figure emblématique de la communauté vétérinaire. Découvrez sa vision des enjeux spécifiques de la santé féline, de l’évolution des relations entre les chats et leurs propriétaires et des dernières tendances observables dans l’univers des chats.

Dr Susan Little est une spécialiste de la santé féline de renommée mondiale.

Dr Little, si vous pouviez changer une seule chose dans les cabinets vétérinaires du monde entier, qu’est-ce que ce serait ?

Selon moi, tous les cabinets vétérinaires doivent avoir dans leur équipe des collaborateurs amis des chats. Un grand nombre de petits cabinets vétérinaires concentrent leur activité sur les chiens. Ainsi l’environnement, les compétences de l’équipe et la communication s’adressent parfois exclusivement aux propriétaires de chiens. En dotant chaque cabinet de collaborateurs spécialistes des chats, on peut consacrer autant de temps et d’effort aux chats qu’aux chiens, et la communication destinée aux propriétaires de chats peut être adaptée à leurs besoins spécifiques.

Pourquoi est-il important que les cabinets vétérinaires soient plus « cat-friendly » ?

Bien que le chat soit un animal de compagnie aussi apprécié que le chien dans de nombreux pays (et parfois plus apprécié), les chats sont moins bien suivis que les chiens. Même s’il peut y avoir plusieurs explications, l’un des principaux freins est le stress associé à la visite chez le vétérinaire. Ces dernières années, plusieurs ressources et programmes ont été lancés pour aider les équipes vétérinaires à créer des environnements moins stressants et leur apprendre à interagir avec les chats de manière plus douce et sécurisante. Les propriétaires de chats retourneront probablement consulter le même vétérinaire si l’expérience a été positive à la fois pour le chat et pour le propriétaire.

 

Les chats sont de plus en plus appréciés aujourd’hui. Observez-vous une évolution dans les relations des propriétaires de chats avec leur animal ?

Depuis une dizaine d’années, on observe un renforcement de l’attachement émotionnel. En passant de la cour de ferme au canapé, le chat a gagné son statut de membre de la famille. Les propriétaires de chats tiennent généralement à leur apporter les meilleurs soins possibles. Par conséquent, ils attendent plus d’interactions avec leur équipe vétérinaire et un accompagnement tout au long de la vie de leur animal.

 

Quelles sont d’après vous les tendances phares en matière de soins pour les chats ?

À mon avis, la tendance majeure a été révélée par la pandémie de Covid-19. De nombreux vétérinaires n’ont pas eu la possibilité d’examiner et de traiter leurs patients félins comme d’habitude, ce qui a conduit à un accroissement du recours aux services de télémédecine. Les vétérinaires sont équipés pour les consultations virtuelles avec les chats et leurs propriétaires, qui communiquent de chez eux. Même si ce dispositif n’est pas adapté à toutes les situations, on s’est aperçu que certains problèmes de santé pouvaient être pris en charge de cette manière.

 

Auriez-vous un exemple à nous donner ?

On pourrait donner comme exemple le programme de suivi d’une maladie chronique. Les consultations virtuelles ne remplaceront jamais les examens physiques mais elles peuvent jouer un rôle complémentaire, de façon durable, dans un grand nombre de cabinets vétérinaires. Il peut être extrêmement bénéfique pour les chats de limiter le nombre de déplacements vers la clinique vétérinaire, qui peuvent être extrêmement stressants pour eux. Intégrer une part de consultations virtuelles dans la palette des soins pour les chats peut ainsi contribuer à améliorer la qualité de leur suivi.

 

Quelles améliorations pourrait-on apporter aux produits de santé pour chats ?

L’administration de médicaments aux chats est une opération particulièrement délicate. Les chats sont par nature méfiants et prudents quand il s’agit de manger quelque chose qu’ils ne connaissent pas. Ils sont également très sensibles aux odeurs et aux textures. Leur bouche est plus petite que celle des chiens et les propriétaires ont plus de mal à les maîtriser pour leur administrer un médicament par voie orale. Ainsi, certains chats ne sont pas bien soignés parce qu’il est difficile de leur administrer le médicament dont ils ont besoin. Les entreprises pharmaceutiques cherchent à développer des formulations plus petites, au goût plus agréable ou au moins neutre, et qui offrent plusieurs options (suspensions et comprimés par exemple). De nouveaux modes d’administration ont donné la preuve de leur efficacité, comme la voie transdermique et la voie transmucosale, qui désignent respectivement une absorption par la peau et par les muqueuses.

 

Comment évoluent les relations entre les propriétaires d’animaux domestiques et les vétérinaires ?

Avec la généralisation de l’accès à internet, les propriétaires sont en mesure de chercher eux-mêmes les informations dont ils ont besoin. Ils accordent de la valeur aux informations données par leur vétérinaire et comptent sur leur cabinet vétérinaire pour leur fournir des ressources. Ces ressources se présentent traditionnellement sous forme de dépliants ou brochures, mais il est important désormais de proposer une alternative électronique à ces supports au format papier (appli ou page web).

 

Quels sont les autres points de contact digitaux ?

Les réseaux sociaux ont également transformé les relations entre les propriétaires d’animaux et les vétérinaires. Les groupes Facebook par exemple sont une importante source d’information pour les propriétaires de chats. On y trouve des informations qui ne sont pas toujours fiables. Il n’est pas rare désormais que les cabinets vétérinaires actifs sur les réseaux sociaux embauchent une personne chargée de la communication et des réseaux sociaux. La sensibilisation via les réseaux sociaux confère une plus grande proximité entre les cabinets vétérinaires et les propriétaires de chats, ce qui peut se traduire par un regain de confiance.

 

Que peuvent faire les propriétaires de chats concrètement pour que leur animal reste en bonne santé ?

La chose la plus importante à faire pour un propriétaire de chat est d’établir une relation avec un cabinet vétérinaire ami des chats et de s’engager dans une démarche de santé préventive avec un suivi régulier. Lorsqu’un chat est malade, il ne le montre pas forcément. Par conséquent, ses problèmes de santé ont souvent atteint un stade avancé lorsqu’on l’amène chez le vétérinaire. Un suivi médical, avec notamment des analyses de sang et d’urine régulières, permet de déceler une pathologie à un stade précoce pour en faciliter la prise en charge et en améliorer l’issue.

 

À propos

Le Dr Susan Little

Spécialiste de renommée mondiale de la santé féline, le Dr Susan Little a été présidente (2015) de l’American Association of Feline Practitioners (AAFP), administratrice et ancienne présidente de la Winn Feline Foundation. Elle est copropriétaire de deux cliniques exclusivement dédiées aux chats à Ottawa, Canada.

Dans le cadre du groupe de conseil Cat’Xpert pour la campagne Cat’Xpert de Boehringer Ingelheim, dont le but est la sensibilisation aux besoins de santé spécifiques des chats, elle fournit à l’équipe Cat’Xpert un éclairage précieux sur l’approche « cat-friendly » des soins vétérinaires. Son savoir-faire et ses contributions constructives ont fait beaucoup pour promouvoir la campagne.