"Covid-19 - Les vétérinaires en parlent"

« Nous avons la chance de pouvoir continuer à pratiquer notre métier »

Nicolas Mirabaud est vétérinaire à Gabarret, commune de 1200 habitants située dans les Landes intérieures. Vétérinaire d’activité mixte, intervenant sur un territoire rural couvrant 4 départements et dont la densité est de 2 habitants au km2, Nicolas Mirabaud traverse chaque jour les forêts à perte de vue du massif landais pour aller à la rencontre de sa clientèle.

Nicolas Mirabaud à Gabarret (Landes) 
06 84 54 31 72
Nicolas_mirabaud@hotmail.com

Notre clientèle historique est plutôt rurale, mais s’enrichit actuellement en équine et en canine, la médicalisation des animaux de compagnie étant de plus en plus importante. Cette transformation fait de nous des « généralistes ». Il faut être partout à la fois, mais c’est aussi la richesse de notre métier. Nous avons appliqué les mesures d’hygiène supplémentaires exigées par la situation, en rencontrant les mêmes difficultés que nos confrères pour nous équiper en gel, lingettes, masques…

Se cantonner aux urgences a été impactant

Assez rapidement, notre fonctionnement a dû s’adapter pour respecter les recommandations des instances de la profession, qui évoluaient au fur et à mesure de la crise. Nous nous sommes organisés pour suivre au mieux les consignes et limiter les déplacements et les contacts. La clinique était ouverte le matin uniquement, sur rendez-vous. En consultation, nous restions seul avec l’animal. L’échange avec les propriétaires en a souffert, mais ce fonctionnement nous a permis d’assurer la continuité des soins. Bien entendu, l’urgence 24h/24 était maintenue. L’après-midi était consacrée aux activités essentielles à l’extérieur, avec les appels basculés sur notre portable, afin de limiter la présence de nos ASV à la clinique. L’impact économique sur notre activité a été fort, puisque les propriétaires venaient uniquement si c’était nécessaire.

La crise n’a pas facilité l’organisation de notre travail, au contraire. Ainsi, si notre fonctionnement n’a guère changé, il réclame de notre part de gros efforts en matière d’hygiène et de respect des gestes barrières afin de nous protéger, de protéger nos clients et de garder la clinique ouverte.

La téléconsultation, une solution pérenne ?

Pour moi, la téléconsultation peut être utile pour répondre à des questions, mais il n’est pas possible de véritablement consulter un animal à travers un écran. La téléconsultation nous met à distance d’un patient qui ne parle pas, et nous sommes de fait dépendants des informations données par l’interlocuteur, propriétaire ou éleveur, qui peut aggraver ou minimiser les faits selon sa perception.

Bien sûr, cela allège les déplacements, mais le contact est important, surtout en zone rurale, même si nous sommes confrontés à une désertification qui s’agrandit d’année en année. La téléconsultation ne peut se substituer à la présence physique du vétérinaire. Par exemple, une éleveuse avait perdu 6 vaches car aucun confrère ne pouvait ou ne voulait se déplacer chez elle. J’ai donc repris le suivi de cet élevage : c’est là notre vrai rôle, même à plus de 50 km du cabinet.

Démontrer l’éthique de la profession

Nous avons un beau métier et la chance de pouvoir continuer à travailler en ce moment. Nous ne sommes pas les plus à plaindre et bien d’autres obstacles nous attendent : le maillage en zone rurale, le recrutement, qui est un problème actuel majeur pour de nombreuses structures vétérinaires, surtout en activité mixte à la campagne… D’autres corporations sont beaucoup plus impactées que la nôtre. Nous avons donc un devoir important de civisme, en apportant notre pierre à l’édifice, en respectant scrupuleusement les consignes qui nous sont données. Continuons à faire notre métier dans les règles de l’art. Nous avons ici l’opportunité de montrer l’importance et l’éthique de la profession vétérinaire.