La qualité du colostrum est bien meilleure lorsque la douleur est maîtrisée

Naissance difficile, césarienne... Jean-Philippe Gartioux, vétérinaire rural dans le Cher, évite systématiquement et au maximum la douleur de l’animal. Les mères récupèrent mieux, les veaux en tirent les bénéfices à plusieurs niveaux, pour un coût de l’anti-douleur vite amorti.

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En cas de vêlage difficile, le vétérinaire recommande d'administrer un anti-douleur à la mère en amont de l'intervention.

« Je gère la douleur systématiquement en amont d’une intervention », entame Jean-Philippe Gartioux, vétérinaire à Châteaumeillant dans le Cher. Sa clientèle se constitue essentiellement d’éleveurs de bovins allaitants, notamment en race charolaise, plus sujets à césarienne. En obstétrique, il injecte l’anti-inflammatoire avant la tonte et le rasage de la zone d’incision. « Depuis quelques années, j’observe ainsi des vaches ruminer pendant que je les opère ! », s’exclame-t-il.

Il constate également que l’utilisation de parcs de contention améliore le bien-être de l’animal et facilite largement son travail. La vache, non encordée à la tête et à la jambe, est plus sereine, moins stressée et donc moins douloureuse. Il n’utilise plus du tout d’analgésique lors des césariennes. La vache a trop tendance à se coucher. Elle peut refuser de laisser boire son veau par la suite et le coût de ces produits n’est pas négligeable. « Mon but n’est pas de revenir dans deux jours pour perfuser un veau déshydraté ! », souligne-t-il.

Injecter en amont de l’intervention

Un éleveur de sa clientèle injecte lui-même l’anti-inflammatoire, au moment où il appelle Jean-Philippe Gartioux, afin que celui-ci puisse intervenir dès son arrivée. « Plus vous agacez l’animal avant l’injection, moins le produit est efficace. Chez les bovins stressés, il faut multiplier la dose par deux ou trois parfois pour retrouver le même niveau d’efficacité. Aussi, je l’injecte avant toute manipulation », souligne le vétérinaire.

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Jean-Philippe Gartioux, vétérinaire rural dans le Cher (©Terre-net Média)

Si l’éleveur a eu recours à la vêleuse de manière importante ou si une génisse a des contractions depuis plusieurs heures, sans résultat, là encore, il n'hésite pas. « Une vêleuse 800 kg, c’est pour tirer 800 kg, soit le poids d’une Twingo ! Pas un veau de 50 kg ! C’est très douloureux pour la vache. Tout comme un accouchement pour une génisse peut être particulièrement douloureux car elle est plus inquiète, se fatigue plus. Les contractions sont plus longues », prévient-il. Lorsqu’il intervient sur une génisse, dans trois cas sur quatre, il utilise des anti-inflammatoires pour calmer la douleur. De plus, « la qualité du colostrum est bien meilleure lorsque la douleur est maîtrisée », souligne Jean-Philippe. Une évaluation qu’il réalise d’ailleurs « quasi-systématiquement » après chacune de ses interventions.

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(©Terre-net Média)

Bruno Chagnon, éleveur de 55 mères charolaises (65 ha) dans le Cher :

« Moi, c’est la douleur de la vache avant mon porte-monnaie ! Je suis éleveur depuis l’âge de 4 ans. J’utilise des anti-inflammatoires mais toujours sur les conseils du vétérinaire pour être bien sûr de leur intérêt. Pour les césariennes, les vêlages difficiles, des veaux qui ont souffert pendant le vêlage, cela est intéressant. La vache récupère plus vite. Avec les césariennes, les vaches n’ont pas la sensation d’avoir vêlé. Parfois, elles n’adoptent pas le veau et s’il y a de la souffrance, c’est encore pire ! Avant, le vétérinaire utilisait des anesthésiants. Je voyais la vache somnoler. Elle avait tendance à s’endormir et à vouloir se coucher. Aujourd’hui, je ne l’observe plus du tout. Pour faciliter l’intervention, j’ai une barre à césarienne. Fini le temps où il fallait les attacher. Avec la barre, comme la vache se sent moins contenue, elle ne se défend plus. »