Nous sommes tous dans le même bateau

Thibaud, pourquoi avoir postulé sur cette chaire ? Quelles sont vos motivations ?

J’ai consacré toutes mes années professionnelles à la production d’outils destinés à aider les gouvernements et les industries à lutter contre les épidémies. Mon travail était de produire des données utiles à la fois aux acteurs publics et privés. L’intérêt de cette chaire est d’associer des acteurs publics et privés qui travaillent ensemble en ce sens.

Quelles sont les premières actions mises en place et à venir ?

Les enjeux de cette chaire partenariale visent indéniablement à traduire le concept « One Health » dans des actions de formation, de sensibilisation et de recherche.
La chaire vise notamment à promouvoir la Santé Publique Vétérinaire par la mise en place d’une formation transdisciplinaire pour des publics diversifiés et internationaux. Concrètement, dès la rentrée 2022, un Master international « One Health – Managing Health of Populations » sera mis en place pour former les futurs professionnels de la santé à exercer dans un contexte « One Health ». Conçu afin de développer un même langage entre tous les professionnels de santé, ce master de niveau M2 aura pour vocation d’accueillir, en formation initiale ou continue, des chercheurs, étudiants et professionnels de santé de diverses disciplines. Il aura pour ambition de former des professionnels de la santé humaine et animale et aussi des professionnels de l’environnement (étudiants médecins, vétérinaires ou encore ingénieurs agronomes), à une approche « One Health » intégrant les trois santés.
A l’issue de ce cursus, ils travailleront à la production d’informations destinées à prévenir les crises sanitaires et leurs conséquences, tant en santé animale, qu’humaine ou environnementale.
Certains étudiants embrasseront une carrière de chercheur, dans les ministères ou les universités, tandis que d’autres s’orienteront plus précisément dans l’intégration des approches « One Health » dans la gestion des crises. En parallèle, la chaire apporte son soutien à l’organisation d’un programme de conférences internationales, prévu en janvier 2022. Cet événement « One Health », organisé par le HUB VPH, sera destiné à fédérer autour de ce sujet un public de scientifiques et d’industriels et présenter l’importance de la région Rhône-Alpes-Auvergne.
Enfin, la chaire a également pour ambition de mener un travail destiné au développement d’outils d’aide à la décision, afin d’améliorer la surveillance des agents pathogènes zoonotiques et / ou émergents circulant dans les populations de vecteurs et d’animaux (bétail ou faune sauvage), de mieux comprendre l’origine des maladies infectieuses, mais aussi de mieux intégrer les aspects socio-économiques dans la mise en place de plans d’intervention en santé animale.

En quoi la crise sanitaire actuelle peut-elle influer sur les actions entreprises ?

L’actualité a réveillé ce que l’on appelait jusqu’à présent un concept. La crise de la COVID-19 nous a ouvert les yeux sur l’importance de la complémentarité des différents métiers de la santé. Nous savons, plus que jamais, que les trois santés sont intimement liées et que nous évoluons dans un monde de plus en plus complexe. Nos travaux se focaliseront notamment sur les conséquences de la santé animale et de l’environnement sur la santé humaine, mais aussi les conséquences des actions humaines sur la santé animale.

Quel est votre message à la profession vétérinaire ?

Le « One Health » est un concept sur lequel les vétérinaires travaillent depuis toujours… Si nous sommes dans un monde encore très anthropocentrique, l’heure est venue de prendre en compte l’aspect populationnel des maladies. Nous n’avons d’autre choix désormais que d’intégrer la santé globale dans nos réflexions, afin de mieux comprendre les interactions sur les différentes populations. Vétérinaires, médecins, chercheurs, nous sommes tous dans le même bateau ! Il existe une volonté de tous à travailler ensemble. Si nous souhaitons améliorer la santé de tout le monde… et du Monde, n’attendons plus.