« Nous devons assurer la sécurité de nos chevaux »

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L’Europe a connu récemment une épidémie d’herpès virus équin. Cette épidémie s’est déclenchée lors d’un concours hippique organisé à Valence en Espagne, et on observe désormais des foyers dans d’autres pays européens dont la France, la Belgique et l’Allemagne. En raison de la propagation rapide de cette forme neurologique du virus (EHV-1), la Fédération équestre internationale (FEI) a dû immédiatement annuler des événements internationaux en Europe et ce, jusqu’à la fin du mois de mars. Plusieurs pays, dont la France et l’Allemagne, lui ont emboîté le pas, annulant aussi toutes les rencontres équestres nationales jusqu’à la fin du mois de mars. Comment définir cette maladie, quel est son impact, et comment peut-on la prévenir ? Petite mise au point avec Liz Barrett, responsable globale du département équin de Boehringer Ingelheim Santé animale.

 

Liz Barrett participe à des concours hippiques internationaux avec ses deux hongres, Minty et Gicco.

 

Liz, qu’est-ce que l’herpès virus équin (EHV) ?

Ce virus est responsable d'une maladie endémique contagieuse qui touche les chevaux. La rhinopneumonie existe avec différentes souches du virus, neuf au total. Cependant, deux souches sont particulièrement présentes : l’EHV-1 et l’EHV-4. Les chevaux infectés présentent principalement une atteinte respiratoire légère ou de la fièvre ; c’est la présentation la plus fréquente de l’infection. Cependant, le virus peut atteindre d’autres régions du corps, ce qui peut provoquer une maladie neurologique se manifestant par des troubles de la coordination, une faiblesse ou une incapacité à se tenir debout. Le virus peut également provoquer des fausses-couches chez les juments gravides. Cette atteinte neurologique est assez peu rapportée (chez environ 10 pour cent des chevaux infectés par l’EHV-1) mais, malheureusement, l’épidémie que nous connaissons actuellement semble y correspondre. Beaucoup de chevaux infectés à Valence présentent en effet des signes cliniques évocateurs de cette forme neurologique. 

Comment les chevaux contractent-ils l’EHV ?

L’EHV se propage facilement dans des gouttelettes d’aérosol et par contact direct et indirect, c’est-à-dire de cheval à cheval, par un équipement et une sellerie contaminés ou encore des mains infectées. L’infection par l’EHV est une infection endémique primaire survenant dans les premières semaines et dans les premiers mois de la vie du poulain et elle est fréquemment invisible, latente. Le virus latent peut être réactivé, par exemple lors de périodes de stress, ce qui peut mener à une excrétion nasale du virus, voire provoquer une maladie chez le cheval infecté. Ainsi, même des chevaux ne présentant pas de signes cliniques (infection subclinique) peuvent propager le virus. Cette excrétion nasale dure généralement 7 à 10 jours. La FEI a annulé tous les concours en Europe jusqu’à la fin du mois de mars après que le virus a été détecté en Espagne.

Cette mesure est-elle nécessaire ?

Compte tenu du fait que cette épidémie d’EHV-1 est probablement la plus grave que nous ayons connue en Europe depuis plusieurs décennies, je pense effectivement que cette mesure est utile. La santé et le bien-être des chevaux sont d’une importance capitale, et je demande à la FEI et aux fédérations nationales de prendre toutes les mesures nécessaires afin de contenir cette épidémie. L’annulation des événements réduit le brassage des chevaux, et donc la transmission. Les chevaux peuvent être infectés lors de concours, et ensuite transmettre le virus à d’autres chevaux de leur écurie à leur retour. L’annulation des événements sportifs réduit la probabilité de transmission du virus à une plus grande échelle. La forme neurologique de l’infection à EHV-1 est déjà responsable de décès de chevaux ainsi que d’un grand nombre de cas cliniques dont les images sont un crève-cœur. Nous devons assurer la sécurité de nos chevaux et tout mettre en œuvre pour les protéger.

Les chevaux participant à des concours sont-ils exposés à un plus grand risque d’infection que les autres ?

Les concours rassemblent de nombreux chevaux, venant de différentes écuries et de différents pays ; cela augmente le risque de propagation du virus. Toutefois, cela ne signifie pas que les autres chevaux, restés à l’écurie, sont épargnés. Les chevaux peuvent sortir de l’écurie pour l’entraînement, la reproduction, les visites vétérinaires, et même pour des promenades de loisir lors desquelles ils sont en contact avec d’autres chevaux. Même sans contact de naseau à naseau, le virus peut se propager par l’intermédiaire des mains, des vêtements, de l’équipement, etc.

Comment protéger les chevaux contre la rhinopneumonie ?

Dans la mesure où l’élimination du virus est quasiment impossible, des mesures strictes de biosécurité sont essentielles, notamment en cas de suspicion d’épidémie. Si un cheval présente de la fièvre et/ou des signes respiratoires de type écoulement nasal, des mesures strictes d’isolement doivent être prises immédiatement et un vétérinaire doit examiner le cheval. Il existe des vaccins, mais ils ne protègent pas des signes neurologiques provoqués par l’EHV. Ils peuvent cependant réduire l’excrétion virale et donc la transmission du virus. La vaccination peut permettre de diminuer l’excrétion virale, et potentiellement réduire la sévérité de certains signes cliniques de l’infection. Cette utilisation dans ces circonstances se justifie par le fait que la diminution de l’excrétion nasale chez les chevaux récemment vaccinés protègera indirectement les autres chevaux en réduisant la charge virale à laquelle ils sont exposés.

Pour conclure :

Toutes mes pensées vont vers les cavaliers, les propriétaires, les palefreniers et les vétérinaires touchés par cette crise, et je suis profondément attristée par les décès survenus. Boehringer Ingelheim entretient depuis longtemps des relations avec la FEI et nous avons apporté tout notre soutien au service vétérinaire gérant la situation actuelle à Valence. L’infection par l’EHV est une maladie endémique en Europe et elle continuera à représenter une menace même lorsque l’épidémie actuelle sera terminée. La FEI va sans doute mener une évaluation minutieuse des pratiques de biosécurité et de vaccination et prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher toute nouvelle épidémie dévastatrice.